CW: Viols, tortures d'enfants soldats, génocides
Quelques jours après cette session d’arpentage au CRIDEV rennes sur le livre « La force des femmes » du gynécologue Denis Mukwege, prix Nobel de la paix.
Ce livre traite du viol comme arme de guerre systématisé et pandémique en République Démocratique du Congo avec aussi des apports historiques (Seconde guerre mondiale, nazis, armée rouge, Japon, Armée USA, guerre d’ex Yougoslavie, Iraq, etc). De l’économie basée sur l’exploitation extractiviste des minerais et des enfants soldats.il y a aussi un chapitre masculinité et les hommes.
Ce fut intense. Les personnes présentes étaient superbes.
Il m’a fallut trouver des moyens de décompresser et de distancier.
L’Arpentage, j’ai recommandé, pratiqué et je continue à insister sur Faites en, si cela vous va comme configuration sociale et collective.
Je vais pas refaire l’argument sur celui-ci maintenant ici.
C’est quand même une option super puissante et d’autant dans le cas de sujets lourds et graves. Aka ne pas vivre la lecture de ceux-ci seul·es et/ou isolé·es.
Ce qui ce dit entre les participant·es reste entre les participant·es. C’est très très important !
Je n’écris donc rien de nos dires dans ce qui suit.
Pour contexte, CRIDEV + choix du livre arpenté + moment collectif : des participant·es déter, motiv, avec des expériences et savoirs éprouvés. (Oui, y’a d’autres facteurs mais je fais pas une analyse là).
Ceci pris en compte, oui ça aide beaucoup à mieux vivre le « truc », aller plus loin que le texte lui même (et y’avait grand besoin pour ce livre — j’y reviendrai plus bas ).
Et ici pour ce livre et cet auteur au CV de Colombe de paix c’est ultra précieux, y compris avec nos biais que nous avons mis en critique.
Le livre « La force des femmes » est écrit à la première personne, un médecin gynécologue qui prend en charge des femmes violées dans son hôpital en RD Congo.
On peut avoir un tilt qu’un homme tente de « porter la paroles » de [ces] femmes
Il semble aussi que cela soit un écrit à destination d’un lectorat occidental avec un approche « pour celleux qui découvre le cas de la RD Congo et aussi les cas du viol comme arme de guerre »
Il est très probable que des militantes averties puissent poser des questions sévères sur ce livre et l’auteur et ces choix d’écritures
Cependant, il est nécessaire de connaître la réalité de terrain en RDC. Tout initiative par la base, m^me à 2 personnes fait face à des sévères menaces de violences physiques extrêmes − biser les doigts, viols − ou la mort
Le simple fait d’écrire, de parler, de demander un truc comme avoir des points d’eau plus proche du village dans la region du Kivu pour espérer que les risques de viols et enlèvements soient moindre (éloignements, dispersion, invisibilité, etc) est déjà un acte qui peut vous faire violer ou assassiner
Les chapitres du livre sont inégaux en terme de qualité de témoignages mais ce est exposé et écrit
Mukwege prone un changement par le « haut ».
Ce livre semble bien destiné à l’occident. Ainsi la blanchité et occidentalité des lecteurices peut mener à incompréhensions dans une lecture critiques.
Il faut reconnaître que l’auteur, malgré ces propres biais nombreux et très discutable, ne pouvait et ne peut toujours pas tout décrire finement. Car très grand risque de ré-identification des patient⋅es et victimes.
ping @djelouze
Il y des passages très « lourds / chiants », genre extrait du discours à l’ONU. Cependant c’est à comprendre avec le contexte et fait qu’il a été abandonné / poubellisé par es diplomates de la de RD Congo et a reçu de sérieuses menaces de morts pour ça.
Oui, je parle pour l’instant beaucoup de l’auteur et peu de la place de femmes car :
− c’est l’état du livre, témoignage à la première personnes − et peut être qu’il a fait ce choix pour les protéger
− Son rôle de figure tutélaire et ses activités de politicien, en plus de la med, et pasteur pentecôtiste sont bien présent entre chaque ligne.
Il y a dedans des chiffres, des pourcentages, généraux en RD Congo et aussi ailleurs. Il sont vertigineux.
Le viol est une pratique inscrite dans une technique et dans un programme politique avec des rationalités, des efficiences, et de reproductions d"échelles. C’est une torture et une déshumanisation individuée et individuelles qui est aussi un de tenants d’une économie.
Il y a des témoignages dans ce livres qui sont indirects (cf la protection de personne source et mes questions ci-dessus). Une personne décrite fille de 12 ans dont le récit passe par la syncope d’un général de 2m plein de muscle et médailles et les yeux du gynécologue auteur Mukwege.
Une femme à qui il est demandé « qu’elle justice voulez-vous » dont les propos reporté disent la violence psy d’avoir été « humiliée » par de enfants âgés du même âge ses propres petits-enfants.
Et d’autres dans les différents chapitres, même s’il parle beaucoup de lui même.
Mukwege parle bien d’un système mis en place et de pandémie endémique en RDC et ailleurs.
Cependant il me semble, dans ce livre du moins avec tous les terribles choses sur lesquelles ils marchent et le risques terribles, qu’il met de coté de points très importants.
Mukwege promet de toujours porter la paroles des femmes. Elles sont peu présentes, ses paroles et ses femmes, dans ce livre. Je répète : cela peut être une stratégie vitale pour les premières concernées.
Aussi, il a dans un chapitre entier la plume qui décrit « l’anecdote » d’un homme qui vient lui supplier consultation médicale. Il refuse une première fois car « trop occupé »à des choses « bien plus importantes ». Ce 20anire revient plusieurs fois avec insistance et détresses qui s’aggrave et Mukwege fini par accepté.
Il s’agit d’un ex enfant soldat qui a violé à multiples reprises et et qui craque complètement et demande aide médicale.
Dans le livre, avec du recul, Mukwege ne le déshumanise pas totalement mais le rejette et même fait de la condescendance de classe sociale.
Or Mukwege décrit le viol comme un problème issu d’un système et qui se propage comme une pandémie.
Il écrit ceci à propos des enfants soldats :
« Les recrutements des enfants est à présent une technique bien documentée et très répandue. Presque tous les groupes rebelles du Congo oriental y ont recours, y compris, se soutenus par l’Ouganda, le Rwanda. Non content d’enlever les enfants pour les enroles de force, ils vont chercher du sang frais dans les viviers toujours plus importants des enfants des rues dans les grandes villes. Des orphelins sans abri échangent volontiers quelques centaines de francs par mois et une rame à feu. Drogués, cerveau lavé, maintenu dans les rangs sous la menace de violence ou de tortures, des milliers d’hommes et garçons avec de histoire similaires à celle de mon visiteurs ont pris par aux massacres des 20 dernières années ».
En guise d’acte obligatoire − sinon assassinat − cet personne a été obligé à moins de 15 ans de torturer sa propre mère par le groupe armé qui venait de l’enrôler.
Pour autant, à la fin du chapitre Mukwege congédie ce « visiteur » (pas patient, il lui refuse la médecine) et lui filant de billets de tunes pour acheter une tranquillité très dérisoire, éphémère et illusoire.
Un toubib qui vous jette quoi.
Oui on pourrait discuter des très immense difficultés accueillir en soin de tels profils, mais sans accueil et soin inconditionnel je vais spas être bon publique dans la discussion.
Puis Mukwege fait plusieurs page dans plusieurs chapitre sur le comme et pourquoi le fait de « relâcher » (oui il un un peu fan de prison et justice dure mais je vais y revenir après) ces personnes est l’une des cause principale de l’épidémie des viols et la continuité d’un système − qui en fait repose sur le viol comme technique de propagation de la terreur et eu les violeurs sont en fait un mains d’œuvre de force de travail pour stabiliser le coût d’extraction de minerais du sol (aka un garde sous militarisé à très bas coût).
Oui, il écrit plusieurs fois dans plusieurs chapitres son « travail pour aider à mettre en prison ». Ce n’est pas là un angle de justice transformative mais passons.
Bref, ans ce livre Mukwege écrit le récit de son vécu ainsi.
Et oui, plus loin il affirme que entreprises, université, l’internet et jeux vidéos, la prison entretiennent des conditions symboliques qui favorises la violences de hommes sur les femmes et les viols. L’hôpital, le secteur de la santé / soin n’est pas évoqué dans les pages concernées ni dans la liste. Peut être pour espérer garder debout son institution Panzi qui est si unique et si précieuse en RDC. Choix de Kafka je me dis.
Pas simple…
Reste encore quelques points ci-après :
Il y a un chapitre sur « homme et masculinité » qui ne ressemble qu’a un passe personnel, puisque c’est autocentré, pour lavage avant une candidature politique à un poste à très responsabilité. C’est mon opinion. Livre de 2021.
Le viol est plus qu’une arme de guerre, de génocide et de remplacement ethnique. Des soldats serbes avaient pour cosignent de dire après viol » voilà, tu peux être fière, maintenant tu vas engendre un homme serbe ».
En RD Congo notamment il est un outil du de maintient du travail et des coûts de productions acceptables selon les conditions du capitalisme de minerais et terres dites rares.
Autrement dit; la « tech » et nous appareils smarts » et leur économie sont directement aux systèmes viol.
On ne peut pas oublier là l’Ouganda et Rwanda. La colonisation et l’Europe est entièrement responsable !
Ce livre le dit et son auteur en fait un combat de sa vie. Aussi en Iraq, Amérique du sud, et peut être ailleurs car je ne sais pas tout de lui.
Cela reste un livre important pour beaucoup de publics avertis ou non.
Et plusieurs œuvres de Mukwege en diverses langues sont dispos ici Mukwege - Search - Anna’s Archive